mercredi 9 décembre 2015

Livres conseils sur l'écriture et l'illustration jeunesse

Écrire, illustrer, dessiner... pour la jeunesse


coup de coeurLe guide de l’édition jeunesse 2015 . - MCL Editions, 2014
1ère PARTIE : LES CONSEILS PRATIQUES Les conseils artistiques : Ecrire pour la jeunesse Illustrer pour la jeunesse Passer du roman au scénario Travailler dans le multimédia pour la jeunesse (...) Lire la suite
coup de coeurA chacun sa reliure / V. Sala-Vidal. - Didier Carpentier
La pratique de la reliure d’art m’a amenée à mettre au point les modèles simplifiés présentés dans cet ouvrage. Je les ai conçus pour qu’ils soient à la portée de chacun, du (...) Lire la suite
coup de coeurIllustrateur Jeunesse / D. Maja. - Sorbier. - (La littérature jeunesse, pour qui, pour quoi ?)
L’illustration occupe une place majeure dans la littérature jeunesse. Une place aussi importante que le texte, avec lequel elle entretient des rapports souvent complexes. Dans cet (...) Lire la suite
coup de coeurL’ agenda de l’apprenti illustrateur / C. Lapointe ; S. Guindolet. - La Martinière
Claude Lapointe, illustrateur et pédagogue reconnu, vous propose chaque jour de l’année une nouvelle activité pour vous mettre dans la peau d’un illustrateur. Vous y découvrirez (...) Lire la suite
coup de coeur100 Conseils pour écrivains en herbe / M. Maillé ; P. Lemaître. - Casterman
Ouvrez ce livre, il donne envie d’en écrire un ! Que vous ayez 9, 19, 39, ou 99 ans ! On y trouve 1001 conseils pour : engranger des textes et des images dérouiller son imaginaire en (...) Lire la suite
coup de coeurEcrire et illustrer des livres pour enfants / D. MacCannon ; S. Thornton ; Y. Williams. - Eyrolles
Vous souhaitez écrire pour la jeunesse mais ne savez pas par où commencer ? Vous avez des idées, mais vous vous demandez comment les coucher sur le papier ? Vous avez un projet, mais à qui (...) Lire la suite
coup de coeurGuide pratique de l’illustrateur. - Notre Librairie. Revue des littératures du Sud. - (N° hors-série janvier-mars 2003)
Éditorial La collection de guides pratiques que produit Notre Librairie, revue de l’Association pour la diffusion de la pensée française, s’enrichit d’un troisième titre. Après (...) Lire la suite
coup de coeurIllustrer des livres pour enfants / M. Salisbury. - Eyrolles
Vous rêvez de mettre en images le monde et de l’offrir aux enfants ? d’illustrer les mots de l’imaginaire, les mot qui font grandir, les mots qui font plaisir ? Suivez le (...) Lire la suite
coup de coeurEcrire pour la jeunesse / F. Stachak. - Eyrolles
Vous qui aimez écrire et raconter des histoires pour les petits ou les plus grands, lancez-vous ! Mais non sans méthode. Car il est exigeant, votre jeune lecteur, et ce qui vous faisait (...) Lire la suite
coup de coeurJ’écris pour la jeunesse / T. E. Dils. - Ecrire aujourd’hui. - (Guide pratique)
Le marché du livre pour la jeunesse se porte bien, et : cette santé découle du public visé. Pratiquement nous les éditeurs, aujourd’hui, ont. leur collection Jeunesse. Sans parler des (...) Lire la suite


jeudi 3 décembre 2015

Interview sur la littérature jeunesse


Les tendances actuelles de la littérature jeunesse pour le collège et le cycle 3

Par Anne Francou et Christine Morin,
CRDP de l'académie de Lyon [mars 2006]
Mots clés : littérature de jeunesse

mercredi 2 décembre 2015

Le livre audio

Une autre manière de "lire".


Ecouter une histoire lue par un tiers, en faisant une activité calme en même temps, peut être très agréable.

Pour enfants : Le petit prince

Pour adultes : Version pièce de théâtre Agatha Christie "Les dix petits nègres"

                         Version livre Agatha Christie "Le meurtre de Roger Ackroyd"


mercredi 25 novembre 2015

Fred Vargas - genre : policier !

Les secrets d’écrivain de Fred Vargas
Angoissée par le vide, Fred Vargas est toujours en quête de nouvelles idées de romans. Quand une intrigue se fait jour, elle écrit, vite. Avant de polir, lentement.
Fred Vargas, c’est un peu l’histoire du lièvre et de la tortue : stressée par certains côtés, lente mais entêtée par d’autres. Alors que son dernier roman, L’Armée furieuse, vient à peine de sortir en librairie, l’auteure est déjà à la recherche du prochain. Une obsession quotidienne, qu’elle nourrit, elle aussi, dans son lit : « Chaque soir avant de m’endormir, je me mets à réfléchir à une intrigue, raconte-t-elle. Je n’arrête jamais de chercher des histoires depuis vingt ans. C’est juste qu’en m’endormant je me dis que je vais en profiter pour avancer sur une idée de polar. Je commence à butiner, à manigancer dans ma tête. »
Au départ, un détail…
Pour L’Armée furieuse, l’idée lui est venue d’une histoire moyenâgeuse, la Mesnie Hellequin, une horde composée de monstres et de revenants, de créatures infernales et de femmes nues, venant harceler les vivants. « Je n’arrivais pas à me sortir cette expression de la tête, j’étais piégée par cette première idée, explique-t-elle. C’est toujours la même situation. Dans le précédent, Un lieu incertain, j’avais démarré avec une histoire de vampires. Avec celui d’avant, Dans les bois éternels, j’étais partie de l’os qui existe dans le cœur du cerf. Tout le temps, c’est un bidule comme ça. Et je sais que fatalement je vais y aller. D’ailleurs, pour le prochain roman, c’est exactement pareil. »
Mais ce détail ne suffit pas, chez elle, à déclencher l’écriture. A l’image de ce que conseille Raymond Benson, Fred Vargas a d’abord besoin d’imaginer son assassin et ses mobiles. La suite ? D’autres détails, d’autres personnages. Des éléments qui, en tout cas, lui donnent envie d’aller plus loin. « Au début de L’Armée furieuse, j’ai donc un assassin. Je sais également qu’un des personnages aura un sixième doigt. Mais à quoi me servira-t-il ? Mystère. Je sais aussi que quelqu’un parlera en inversant les lettres, car ça existe, je connais quelqu’un qui parle ainsi. Mais comment l’installer dans une histoire ? Aucune idée, confie-t-elle. Seulement, si je n’ai pas ça pour démarrer, ça ne m’amuse pas. »
Aucune prise de notes
Et la raison pour laquelle Fred Vargas affirme ne jamais avoir d’idée précise sur son histoire, c’est qu’elle assure ne pas prendre de notes. « Je n’ai pas de vieille recette pour fabriquer une histoire. Quand je suis sur le point de m’endormir, je me retrouve à imaginer un dialogue que je ne note jamais, narre-t-elle. C’est la loi de Darwin, il restera ce qu’il restera le lendemain matin. Le soir, quand je pense à mon histoire, je ne note rien, j’en oublie quatre-vingt-dix pour cent. »
En revanche, une fois la machine lancée, elle est quasi inarrêtable. Pas d’inhibition, pas de syndrome de la page blanche : il lui faut à peine trois semaines pour finir un premier jet. « Sitôt que le film s’est déclenché dans ma tête, c’est comme si je le voyais défiler devant moi, expose-t-elle. Une fois que j’ai mis en place deux, trois chapitres, je n’ai plus qu’à suivre le film et raconter ce que je vois. » Bien évidemment, les trois semaines sont intenses. Comme elle l’exprime elle-même, Fred Vargas « crache » l’histoire : « J’écris vite, vite, vite, et le soir, quand je me couche, je prépare mentalement les chapitres du lendemain », détaille-t-elle.
   
Quarante relectures complètes !
Finalement, ce qui lui prend le plus de temps, c’est ce qu’elle appelle « le boulot d’ »auteur » ». Six mois de corrections en moyenne pour améliorer l’ensemble. Des modifications essentiellement stylistiques. « De la première mouture, il reste le scénario, sauf en cas d’incohérence purement technique, confirme-t-elle. En revanche, ce que j’écris en trois semaines ne ressemble à rien : la matière ne va pas, le son ne va pas. Il faut tout reprendre, lâche-t-elle. Ce  sont des corrections qui vont parfois jusqu’à la folie : un carnage, une boucherie de mots. Des passages entiers que je saque car ils sont mauvais, insauvables, inutiles. »
Au total, Fred Vargas avoue faire pas moins de quarante relectures du livre en entier. « A la fin, je n’en peux plus, je ne peux plus le voir. Car il y a beaucoup de bois mort, surtout dans les dialogues. Dire que c’est facile à lire, donc facile à écrire est complètement faux : c’est l’enfer ! » s’exclame-t-elle.
La famille en juge de paix
Ses premiers lecteurs, eux, sont ses proches : sa sœur Jo, son fils et sa mère. Et chacun a son rôle, son regard, sa façon de procéder. « Jo est peintre et donc, graphiquement, dans les marges, elle dessine soit un sourire soit un signe du genre « peut mieux faire ». Comme ma mère est très scientifique, elle se penche plus sur la logique, détaille-t-elle. Mon fils est, lui, attentif aux dialogues, en particulier quand ils sont trop longs. Il repère également toutes les répétitions de mots, tout ce qui n’est pas logique. Il m’en a fait baver avec son esprit mathématique. »
Cette rigueur, Fred Vargas l’explique par une seule raison : « Je dois simplement au lecteur l’obligation que mon histoire tienne debout, qu’il ait des explications, un mobile, mais aucune voix off », soutient-elle. Avant de conclure : « Au fur et à mesure que j’écris, je me rends compte à quel point c’est difficile, que le son du roman est aussi important que l’histoire, même s’il ne faut pas pour autant la bâcler. Ce fameux son que je cherche sans cesse et que je n’arrive pas à définir. Je sais juste que quand le son est bon, ma sœur Jo met un sourire et mon fils note « excellent ». Là, ça va. »
(d’après le magazine Lire)

Vidéo 1

Vidéo 2

 
 
 

mardi 24 novembre 2015

Chapeau !


 
  Restez assis, proposa le paysan, les bras chargés d'un fagot. Je vous apporte la soupe. Elle ravivera vos entrailles gelées.

 Je suis déjà réchauffé et dois rejoindre mon maître à Montfort. Il rentre de Cordoue d'où il ramène son cuir.

Monsieur Fer, seul vilain vivant de la vallée du Vièvre après que la peste s'est invitée pour la Noël, alla poser son tas de branchages près de l'âtre qui couvait. Il jeta des brindilles dans le restant de braises. De plaisir, le feu crépita, puis lança des flammèches vers l'hôte qui ajustait son manteau à capuchon.

 Ce terrible froid n'est pas habituel en cette saison. Pas étonnant qu'il vous ait surpris durant votre trajet. Vous tentez la mort à vouloir repartir, prévint-il pendant que l'apprenti cordouannier accrochait sa besace en bandoulière, d'un air décidé.

 Je suis déjà mourant.

Fer détailla le blondinet de la tête aux pieds.

 Vous me semblez fort bien portant, le teint frais et les joues grasses. Mais prenez ce couvre-pied,  ajouta-t-il en lui tendant une fourrure noire.

Le jeune homme la saisit, la coinça en boule sous le bras et chuchota :

 Je l'étais jusqu'à présent, mais me sens affaibli. Le mauvais sort m'a choisi. Un chat noir m'est passé devant tout à l'heure.  

 Vous n'êtes pas sérieux ! Si, vous l'êtes ? s'étonna le vieux devant sa mine déconfite.

 En ville, les hommes disent avoir vu des gens mourir pour en avoir croisé. Les sorcières apprécient leur compagnie, avez-vous de telles abominations dans la vallée ? Ah, mon Dieu ! Le voilà qui lorgne au carreau !

Alors que le cordouannier, paniqué, se plaquait contre le mur opposé, le vieux ouvrit la fenêtre, laissa entrer l'animal en même temps qu'une brise glaciale. Le monstre fila se cacher près du lit sous les cris de l'inconnu.
 
 Vous accueillez l'enfer sous votre toit ! s'étrangla le jeune en se signant trois fois.

Calmez-vous, il s'agit de Lucie.

 Je ne resterai pas une minute de plus dans cette maison !

L'apprenti se précipita vers la sortie.

 Restez ! supplia le vieil homme. Attendez qu'octobre reprenne ses droits.

 C'est cette bête qui a fait venir l'hiver !

 Non, la faute à Eyjafjöll !

 Qui ça ?

 Un volcan Islandais qui crache ses cendres. Poussées par les vents jusqu'au dessus de chez nous, elles empêchent le soleil de réchauffer nos terres.

 Où allez-vous chercher pareilles idioties ! Dieu nous abandonne puisque nous laissons Satan prendre ses aises. Il faut lapider votre carne, immoler tous ces suppôts. 

Ne touchez pas à Lucie ! Elle me tient compagnie depuis le décès de ma femme.

Outré par ses propos, l'hôte ouvrit la porte à la volée et s'égosilla avant de détaler :

 Vous nourrissez le diable, vous méritez le bûcher ! Je pars vous dénoncer à l'abbé.

 Le seul monstre que je choie se nourrit de rats, hurla le vieux en le regardant disparaître dans la brume mortelle.

….................................................................................................


 D'où venez-vous ? S'enquit, inquiet, l'abbé du Bec-Hellouin.

 La f-ferme du Vièvre, bégaya l'apprenti tant il tremblait et claquait des dents.

 Celle de feu Lucie Fer ? Vous devez vous tromper. Le seigneur a réduit la ferme et ses vilains en cendres parce que cette Lucie pratiquait la sorcellerie. Deux matous hantent la vallée aujourd'hui. C'est cette fourrure qui vous a protégé du froid. Sans elle, vous seriez passé de vie à trépas. Mais, c'est du chat ! se révulsa l'abbé après l'avoir effleurée du doigt. Jetez-moi cette horreur !

Quand elle toucha terre, la peau prit vie et s'enfuit...

L'apprenti clame depuis à qui veut l'entendre que croiser un chat noir porte chance.

Le genre noir ou polar

Le genre noir ou polar
 

 
Un article de Agnès Baudry et Janine Dexmier, provenant du site ci-joint :

- La nouvelle noire américaine
Agnès Baudry / Janine Dexmier 
   
Le genre « NOIR » se prête mal à une définition générique stable, il s’agit, en fait, d’une catégorie du genre policier. Le polar classique est construit autour d’une intrigue, d’une enquête menée sur un crime. Il s’agit de trouver le coupable : « whodunnit », qui a fait le coup, pourquoi, comment… Le « Thriller » se caractérise par l’intense suspense qu’il entretient et par le sentiment de peur, d’horreur à faire frémir (to thrill) qu’il crée. Pour le polar classique, le mal se trouve dans la nature humaine. Dans le genre NOIR, la complexité de l’intrigue est secondaire. Ce qui est ici premier, c’est l’inscription dans une réalité sociale précise dont il s’agit de montrer les dysfonctionnements. On propose alors du monde une vision « noire », ici le mal se trouve dans l’organisation sociale. On peut également penser que l’appellation de littérature NOIRE s’est répandue après la création, en 1945, de la collection française « Série Noire », chez Gallimard, créée par Marcel Duhamel qui publia, sous une jaquette noire bordée de blanc, les grands auteurs de romans policiers américains.
La nouvelle NOIRE est indissociable du roman NOIR : les auteurs, les thèmes, les univers sont les mêmes. De plus, la nouvelle est un genre très pratiqué par les Anglo-Saxons, à la différence des Français et elle nourrit nombre de revues.
La naissance du genre policier aux Etats-Unis remonte à Edgar Poe avec « Le double assassinat de la rue Morgue », paru en 1841, ou peut-être à Fenimore Cooper avec « L’Espion » paru en 1821.
Depuis les débuts du genre policier, il s’est publié des milliers de ces nouvelles. Au début, il s’agit de petits fascicules, les DIME, vendus 10 cents (one dime) qui proposent, chaque semaine, un récit complet consacré aux pionniers de l’Ouest ou autres vengeurs solitaires de la prairie, tel Buffalo Bill. Ils céderont la place au détective urbain, comme le célèbre Nick Carter.
A partir de 1896, ces DIME vont céder la place à des revues mensuelles avec des illustrations suggestives en couverture. Elles proposent, pour un prix modique, plusieurs récits complets : ce sont les PULPS, ainsi nommées parce qu’imprimées sur un papier grossier à base de pulpe de bois. Dans les années trente, sous le nom générique de PULP, plus de 200 revues se partagent le marché et emploient 1300 écrivains.
Le genre à proprement parler NOIR va se différencier de la littérature policière courante : il apparait aux Etats-Unis dans les années vingt où une génération d’écrivains veut rendre compte de la réalité sociale du pays, en proie au gangstérisme, à la corruption policière et politique, à la toute puissance de l’argent, à l’utilisation sans frein de la violence. Dans cette jungle urbaine apparaît un nouveau type de détective, le « hard-boiled », le « dur à cuire ». C’est essentiellement dans le magazine BLACK MASK que paraîtront ces récits réalistes, fortement ancrés dans la réalité du moment.
Après la première guerre mondiale apparaît le PAPERBACK, livre de poche d’un prix modique qui touchera un large public et assurera l’apparition sur le marché d’une seconde génération d’auteurs de récits NOIRS.
Dans la première génération (auteurs nés dans les années 1890) citons Dashiell Hammett avec son détective privé : par exemple, Raymond Chandler dans Le Faucon maltais ou Philip Marlowe dans Le Grand Sommeil, apparus tous deux au cinéma sous les traits d’Humphrey Bogart ou encore Horace Mc Coy qui a souvent traité de la Grande Dépression de 1929 (On achève bien les chevaux) ou James Cain avec Le facteur sonne toujours deux fois, plusieurs fois adapté à Hollywood.
Dans la deuxième génération( auteurs nés aux alentours de la grande guerre) citons Mickey Spillane et son Mike Hammer, Jim Thompson qui inspire des films comme The Killer inside me ou Les Arnaqueurs de Frears, Coup de Torchon de Tavernier, Chester Himes, afro américain, avec ses détectives Ed Cercueil et Fossoyeur qui situe l’action de ses romans (La Reine des Pommes) à Harlem, William Irish qu’on retrouve chez Truffaut avec La mariée était en noir, la Sirène du Mississippi, Charles Williams et Vivement Dimanche ou encore David Goodis (Tirez pas sur le Pianiste).
Plus près de nous Lawrence Block, Donald Westlake, Michael Connelly, James Lee Burke, Dennis Lehane, Elmore Leonard ont aussi des détectives récurrents, sans oublier James Ellroy. Chez eux les intrigues sont plus abordables, plus vraisemblables que chez leurs aînés, mais l’action n’en demeure pas moins ancrée dans la réalité sociale et politique des Etats Unis.
L’univers de cette littérature « noire » et ses héros nous sont devenus familiers à travers le cinéma et les séries télévisées.
Le genre le plus représentatif de cette littérature est le hardboiled. En voici les principales caractéristiques :
  • Les PERSONNAGES ne sont jamais tout blancs ou tout noirs, la frontière entre le bien et le mal est très floue, leur code moral est très élastique. Parmi eux on trouve des politiciens, des plus modestes au plus grands, corrupteurs, corruptibles, corrompus, manipulateurs, prêts à tout pour arriver au sommet, des rich and famous (riches et célèbres) leur argent est mal acquis. Ils appartiennent souvent au monde du showbusiness croisé avec celui de la prostitution, des journalistes de la presse à scandale (tabloïds, gutter press), des policiers, ceux de la rue et surtout leurs supérieurs, corrompus comme les politiciens(les Eliot Ness sont rares), la femme fatale(expression conservée en américain) appelée parfois dark lady. Elle offre un modèle physique assez constant. Souvent blonde à la poitrine avantageuse avec une grande puissance érotique dont elle sait jouer pour séduire, détruire malgré ses airs de ravissante idiote, le privé ou celui qui en tient lieu et enfin le hardboiled detective, sorte de chevalier blanc dans ce monde glauque, justicier comme dans les westerns. Il est armé, dur, violent si nécessaire. Il est aussi charmant, charmeur, intelligent. Il est celui à qui on ne la fait pas. Il a peu, voire pas d’états d’âme si ce n’est parfois un léger accès de mélancolie. Il ne dédaigne ni l’argent, ni les jolies femmes, bien au contraire ! Enfin il boit sec (bourbon ou rye). (Dans la littérature « noire » actuelle, en revanche, le privé est souvent un ex alcoolique repenti qui va aux réunions des AA entre deux interrogatoires et parfois rechute. Les temps changent !).
  • Les LIEUX : ces personnages évoluent dans un environnement urbain, Los Angeles, New York, Chicago, San Francisco, Miami et dans les rues chaudes (mean streets) de ces villes. On les trouve dans des palaces ou des motels sordides, des appartements crasseux ou des villas de Beverly Hills, dans des bordels, des bars (speakeasies durant la Prohibition), des casinos, sur des champs de courses, dans des nightclubs où dominent le jazz et le blues. On les croise aussi dans les postes de police, sans omettre le bureau du privé avec ses fameux stores à lattes qui soustraient les client(e)s à la curiosité de la (jolie ou très vieille et fidèle) secrétaire. La peinture des lieux et le choix des cadres varieront selon les préoccupations et l’arrière plan social de l’époque dans un souci de refléter la société américaine à un moment de son histoire.
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  • Les THEMES OU INGREDIENTS : le sexe avec la prostitution jusqu’à celle d’adolescentes, l’inceste. Il est dangereux, mortifère. Une violence extrême : bagarres alcoolisées, armes à feu et autre à gogo, descriptions de scènes de crime propres à susciter le dégoût, sans oublier la violence verbale avec insultes, langage relâché, ordurier. Racisme, misogynie, femmes battues, vengeance sous toutes ses formes sont aussi de la partie. L’argent : il est partout, trafics d’alcool et drogues, jeu (tapis verts, courses de chevaux et de lévriers, paris sur les matchs de baseball ou de football américain) et donc importance des bookmakers, des usuriers (loan sharks), prostitution, cupidité… C’est le billet vert, le greenback qui mène la danse macabre.
  • L’ECRITURE : la narration est le plus souvent à la première personne. Le détective ou celui qui en tient lieu raconte. Il n’est pas omniscient et le lecteur découvre les événements en même temps que lui. Rien ne lui sera épargné. C’est une narration explicite, une écriture qui donne tout à voir. Elle est éminemment cinématographique. Le ton est distancié, parfois cynique, pessimiste, nihiliste. Le langage du narrateur se doit de coller aux faits sans exprimer de jugement .Il doit être au plus près de la langue d’un milieu à une époque donnée. Ce souci conduit à user d’un langage argotique, grossier. Un mauvais choix de tournure ou d’expression peut équivaloir à un anachronisme, ce qui ne rend pas facile la tâche du traducteur.
Pour illustrer ce qui précède nous avons fait le choix d’une nouvelle de James Ellroy : Puisque tu n’es pas mienne (Since I don’t have you). Bien que Ellroy ne fasse pas partie des générations dont nous avons parlé plus précisément – la nouvelle date de 1988 il est fasciné par ces années où le hardboiled était un genre florissant. Il suffit de lire quelques-uns de ses romans pour en être convaincu.
L’action de la nouvelle est située en 1949 à Los Angeles. On y retrouve les personnages, les lieux, les ingrédients, l’écriture de la nouvelle noire « classique ». C’est, en quelque sorte, une forme d’hommage quelque peu malicieux au genre que cet auteur américain pratique
lui-même avec le talent qu’on lui connaît.
Comment conclure ? Il n’est pas aisé de parler de la nouvelle noire américaine. Sa définition est aussi peu stable que ses frontières sont floues. Par rapport à son âge d’or, celui du « hardboiled », la nouvelle noire (de même que le roman noir) a connu une certaine évolution. Certes, la tradition se perpétue et la réputation du genre noir américain se maintient. Toutefois le « noir » se rapproche du « polar » traditionnel en ce que l’intrigue est beaucoup mieux construite et a une importance indéniable. Quant au privé, il est sans doute plus nuancé que son prédécesseur « hardboiled » ; le dur à cuire. Une constante demeure cependant : l’enracinement de l’histoire dans la réalité sociale, économique et politique des Etats-Unis.


 

 

Trouvé sur ce site : http://www.cafe.edu/genres/n-polar.html La définition du genre est claire et précise.

     Le terme "polar" est né en France dans les années 1970 de "policier" et d'un suffixe argotique pour désigner un film policier puis, plus généralement, un film ou un roman policier. Il peut être employé comme terme générique englobant les termes plus spécifiques "roman policier" (apparu en France en 1890), "roman à énigme", "roman noir" ou "hard boiled", "roman à suspense", "néo-polar", etc., qui correspondent à différentes formes du genre.
 
Le roman policier classique (période comprise entre Conan Doyle et Agatha Christie) est appelé "roman à énigme", "roman- problème" ou "roman-jeu". Il propose au lecteur de résoudre une énigme criminelle. C'est un rébus sous forme narrative. L'une des règles du genre veut que le lecteur et le détective aient des chances égales d'élucider le mystère. L'auteur présente le résultat (le plus souvent un meurtre) avant la cause (le coupable) et distille les indices minutieusement dosés tout au long du récit afin de permettre au lecteur d'élaborer lui-même le travail d'élucidation que mène l'enquêteur. Tout dans le roman à énigme doit être fonctionnel : en sont par exemple bannies les descriptions et les analyses psychologiques qui ne sont pas régies par les besoins de l'intrigue ainsi que les intrigues amoureuses, susceptibles de détourner l'attention du lecteur de l'énigme, de déranger le mécanisme du problème intellectuel.
Le héros est le détective. C'est un génie de la déduction doué d'un don d'observation exceptionnel, d'une minutie frisant la maniaquerie; il est courtois et rigoureux, mais extravagant et plein de bizarreries. Il agit peu, mais apprend. Rien ne peut lui arriver : une règle du genre postule l'immunité du détective.
La solution est inattendue mais logique. Le processus de détection est divisé en plusieurs étapes et fait appel au raisonnement. L'enquêteur, face à l'énigme du cadavre, commence un travail d'observation et d'interrogations. Il enregistre tous les aspects du lieu du crime, du comportement des suspects et de leurs réactions verbales à ses premières questions. Il élabore une hypothèse de travail qui lui permet de conduire les interrogatoires vers un but de plus en plus précis. Il intercale des phases de consultation, en discutant soit avec un collaborateur (souvent borné) soit avec lui-même. Il passe à la conclusion en exposant les mobiles et le déroulement du crime et oblige l'assassin à se démasquer et à admettre sa culpabilité.
C'est un roman (vs le roman d'aventure) qui exige une société fermée (le goupe familial ou professionnel, le lieu géographique étroit, le groupe isolé arbitrairement : chemin de fer, paquebot) aux rites élaborés (vs le roman picaresque, ouvert à tous les possibles romanesques).
La position narrative est la focalisation : le narrateur ne peut pas, par définition, être omniscient; chaque fait est perçu à travers un personnage-point de vue. Le récit prend souvent la forme de mémoires. L'histoire est souvent racontée par un ami du détective. Le sujet du livre est moins "ce qui s'est effectivement passé" que "comment le narrateur en a pris connaissance".
Le style doit être transparent; la seule exigence à laquelle il obéit est d'être simple, clair, direct.
Aux formes relativement figées du roman-problème s'oppose la structure plus perméable du "roman noir", né aux États-Unis après la deuxième guerre mondiale. Là le meurtre ne sert pas de déclencheur obligatoire aux opérations du détective. Il a lieu au cours du récit. La structure n'est plus rétrospective mais prospective. Il n'y a pas de point d'arrivée à partir duquel le narrateur embrasserait les événements passés; le lecteur ne sait pas si le héros survivra. Celui-ci a perdu son immunité : il se fait blesser, risque sans cesse sa vie. Il est intégré à l'univers des autres personnages, au lieu d'être l'observateur indépendant des romans à énigme. Pour le lecteur, l'intérêt n'est plus la curiosité (qui veut aller de l'effet à la cause) mais le suspense : l'attente angoissée de ce qui va arriver.
L'énigme et le mystère ne jouent plus qu'un faible rôle dans le roman noir, qui lui a substitué l'action. L'acte criminel, éludé par le roman-problème, est ici susceptible de représentation. Le coupable est tôt démasqué. L'intérêt du lecteur ne porte que secondairement sur un problème à résoudre. Il s'attache principalement à la tension dramatique. Le roman noir se rapproche en ce sens du roman d'aventure : il ne s'agit plus d'identifier les coupables mais de les capturer, de les mettre hors d'état de nuire. Il s'ensuit bagarres, fusillades et filatures en séries.
Le roman noir trouve encore son originalité dans ses thèmes. C'est autour de constantes thématiques qu'il se constitue : la violence, le crime souvent sordide, la passion désordonnée, la haine, l'amoralité des personnages. Le crime prévaut sur l'enquête, qui n'est souvent qu'un prétexte à la peinture de la corruption des milieux urbains. L'énigme ponctuelle provoquée par le meurtre sous- tend une problématique plus générale, un état de dégradation de la société que l'enquête a pour tâche de mettre à jour. De divertissante, la littérature policière devient engagée. La description des milieux de malfaiteurs, l'analyse des circonstances psychologiques et sociales remplacent le jeu du "qui a tué?".
Alors que le roman policier classique semblait figé dans le manichéisme, le roman noir juxtapose des incarnations d'un monde négatif, le gangster et le "privé". L'éthos des personnages baisse. Le héros n'est plus un détective distingué, c'est un hard boiled, un "dur à cuire", solitaire, violent, désabusé, grossier et se trouvant souvent à la limite de la légalité. Il ne résout plus les énigmes de son bureau mais arpente les quartiers mal famés. Le criminel est souvent un professionnel (le tueur à gages) qui ne tue pas pour des raisons personnelles. C'est souvent un policier.
Le roman noir renoue avec les modes d'écriture traditionnels de la littérature fictionnelle. Le développement narratif ne s'oriente pas en ligne continue mais admet des variations rythmiques, l'enchaînement d'épisodes relativement clos et l'insertion d'unités descriptives.
Le détective-aventurier évolue dans un environnement topographique et sociologique diversifié. Son enquête devient ainsi un témoignage sur la spécificité d'une communauté humaine, d'un espace urbain, d'un processus écologique et politique. L'investigation fournit presque toujours un supplément de connaissances à travers une vision insolite et un discours dénonciateur.
Certains traits de style appartiennent en propre au roman noir. Le héros est un marginal, un déraciné; il comprend la gamme entière des sociolectes. L'ouverture du roman noir aux registres de l'oralité et à tout un style de la sobriété et de l'immédiateté prend ici son origine.
Le roman noir américain a suscité en France, alors que la source américaine commençait à se tarir, la naissance du "néo- polar" (terme inventé pour le différencier de la production antérieure par Manchette) à la fin des années 1970. Produit de l'esprit révolutionnaire et anarcho-gauchiste de mai 68, roman de la révolte et de la dénonciation des inégalités sociales, du racisme, des "magouilles" politiques et des bavures policières, le néo- polar se moque que le crime soit élucidé et que justice soit faite. Le crime n'est plus nécessaire, le suspense naît tout entier de la réalité sociale. De nouveaux auteurs comme Manchette, Siniac, Jaouen, Delacorta, Alexandre Varoux et surtout Michel Lebrun bouleversent les règles du genre. L'histoire se modifie, change de décor, rôde autour des H.L.M., s'intéresse aux chômeurs, aux écologistes, prend pour héros des terroristes ou des C.R.S. et pour thème, par exemple, le passé du secrétaire général d'un grand parti de gauche.
Indifférent aux modèles et aux catégories, le néo- polar mêle roman psychologique et roman d'espionnage, chronique politique et chronique sociale.
 
 

A votre santé !

C'était sous le hangar que la table était dressée, longue, imposante, recouverte d'une nappe fleurie et de bougies scintillantes multicolores. Elle était tapissée de mets des plus appétissants, dont les odeurs flirtaient avec la brise câline et venaient alors chatouiller nos narines affamées. Les plats étalés ainsi à vue étaient ponctués de bonnes bouteilles de vin d'une cuvée prometteuse, encore bouchées ... pas pour longtemps, car Henri s'était pointé à la fête.
 
Mais lui n'était pas invité.
 
   Mon père avait rayé ce frère de son carnet d'adresse et de son cœur de pierre, il y a dix ans maintenant, un soir engourdi dans la neige. Henry avait trop bu, comme à son habitude, mais en cette veillée de Noël, plus las, plus triste, plus noir, il s'était emporté suite à quelques petites réflexions de rien du tout, des broutilles disait-on. Tel un typhon, il avait tournoyé de colère dans le salon en envoyant valser la décoration et la porcelaine, sous le regard épouvanté des convives et des miens, cachés derrière la rambarde de l'escalier, tremblant de peur près de ma sœur. Mon père avait fini par hurler plus fort qu'Henri. Il l'avait trainé jusque dehors... à vie... enfin, jusqu'à ce jour-ci.
 
   Henry est entré dans le hangar comme si de rien était, la chevelure brune trempée, dégoulinant sur les épaulettes de son veston - il s'était fait beau pour l'occasion. La pluie avait sûrement tenté de le dissuader de venir, cependant, cet oncle têtu fit fi de son avertissement. Il a salué d'un coup de tête ma mère, mes tantes médusées, il a embrassé sur les deux joues ma sœur, engoncée dans sa robe de mariée - elle en avait rougit, et s'est précipité vers la table si joliment décorée. Attrapant une bouteille au hasard, il s'est retourné vers son public hagard et, la soulevant droit devant lui, il l'a lâchée d'un coup. Ce bon vin s'est répandu sur le sol comme une mare de sang entre ses éclats de verre. Henri réussit à les briser toutes, une par une, tournant autour de la table pour éviter les assauts de mon père comme deux gosses, comme deux frères. Il tint son rictus aux commissures des lèvres jusqu'à la dernière, jusqu'à ce que mon père l'empoigne par le col de sa chemise, la bouche ouverte et la mine furieuse. On aurait dit qu'il éructait sa haine, celle qu'il souffrait pour ce frère depuis ces dix années, peut-être depuis toujours, qui sait ?
   Avant de se prendre la droite prévue et méritée sur l'arcade gauche, Henri cria dans un chant victorieux :
 
- Maintenant Charles, la fête peut commencer !
 

lundi 18 mai 2015

Qui suis-je ?


 
 
 
Auteur en Noir dans le polar, le thriller, et l'anticipation. Tout est dans le frisson !
 
Auteur en Blanc ; tendre et touchant, pour enfants. 
 
 
 
Graine d'auteur plantée en terre normande ; arrosée à souhait, je vous invite à me lire, les jours où je ramène mes voyages intérieurs au bercail. Caboches ouvertes, idées déballées, triées, rangées, elles se placent facilement en lignes sur le papier lisse et se laissent lire sans sourciller.
 

             
  
Pourquoi cette photo de laitières ?
 
Pour mon coté Noir !
 
Les vaches m'inspirent lorsqu'elles matent mon passage sur leurs terres d'une tête surprise et mécontente. Prêtes à me foncer dessus sans mot dire, je les maudis gentiment.
J'aime ces frousses fugaces !
Dans le noir, je les écris noir sur blanc.
Vous pouvez lire mes histoires, histoire de vous rafraîchir les idées été comme hiver, car je sers le café froid toute l'année.
Embarquez vos mouchoirs, vous pourriez vous enrhumer.
 
Bonne lecture...